L’économie britannique après le Brexit : sombres perspectives
Si l’économie du Royaume-Uni était restée jusqu’alors indemne, celle-ci devrait subir les conséquences du Brexit dans les mois à venir.
Le referendum britannique en faveur du Brexit fête son premier anniversaire, et loin d’avoir sombré dans la récession annoncée dès l’automne par la majorité des experts, la deuxième économie de l’Union européenne est particulièrement dynamique à l’issue du second trimestre. En effet, la confiance perdue a très vite été retrouvée dans le même temps que le taux de chômage a continué de décroître. Contre toute attente, les ventes de détail ont connu des taux record, les entreprises ont continué d’investir et les grandes banques de la City n’ont pas délocalisé leur siège dans les autres pays de l’Union européenne.
D’où provient donc ce fossé entre les prévisions et l’état actuel de l’économie britannique ? Il est certainement le produit de la réactivité de la Banque d’Angleterre. Cette dernière a en effet immédiatement effectué une baisse supplémentaire de ses taux directeurs et relancé son programme d’achats de titres, qui avait été interrompu en 2012. Ce surprenant écart procède également de l’effet stimulant de l’effondrement de la livre sterling sur le secteur exportateur du Royaume-Uni. Enfin et surtout, alors que les négociations sur les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne s’ouvrent tout juste, il résulte de l’absence de conséquence concrète du Brexit à ce jour sur les relations commerciales avec les 27 Etats membres restants de l’Union européenne.
Néanmoins, les conséquences du Brexit sur l’économie britannique devraient poindre avant même l’issue de ces négociations, puisque depuis quelques mois les signaux négatifs prolifèrent. En effet, au premier trimestre 2017 la croissance s’est trouvée divisée par trois par rapport à celle des trois trimestres précédents. La production industrielle est en décroissance également, ainsi que le prix de l’immobilier. Pire encore, la forte inflation résultant de la dépréciation de la livre amenuise les revenus des ménages, ce qui promet d’impacter sous peu la consommation.
Par ailleurs, la perte de la majorité au Parlement par Theresa May place le Royaume-Uni en position délicate face à ses partenaires européens et l’avenir de l’économie du pays dans l’incertitude. Nul doute que les analystes peuvent encore espérer avoir vu juste …
Par Eric Bourguignon
Ouvrages d’Eric Bourguignon aux éditions Arnaud Franel :
Alerte au tsunami monétaire
ID Reflex’ Fondamentaux de l’économie