Le métavers : fantasmes, rêves ou communication

Le métavers : fantasmes, rêves ou communication

Le métavers, lieu imaginaire où viennent se nicher les fantasmes ! Il est assez étonnant de relever certains cas d’usage du métavers. « Le chef étoilé Antonio Salvatore collabore avec Manila Di Giovanni, la patronne de l’entreprise monégasque DWorld pour faire entrer son restaurant, La Table d’Antonio Salvatore, dans le métavers » de Monaco. L’objectif : une visibilité internationale.

On a pourtant dit le métavers en pleine déconfiture. On a insisté avec quelques méchancetés sur son côté « dépassé à peine né ». L’intelligence artificielle l’aurait détrôné et renvoyé dans l’enfer des innovations qui n’ont jamais pu dépasser le seuil du lancement. Mark Zuckerberg, à peine avait-il décidé que son groupe serait baptisé Méta, lançait une réorientation radicale vers l’IA (mais cette fois-ci sans changer le nom de son groupe). Le changement de braquet du patron du métavers plongeait-il ce dernier dans un coma fatal ?

Les métavers de l’au-delà

Pourtant d’étranges projets émergent régulièrement. L’un d’entre eux s’intéresse à la vie la plus virtuelle possible, celle d’après la mort. Il s’agirait d’organiser le retour de « nos chers disparus » ? On n’en est pas encore à la montée en puissance de cohortes de « Morts-vivants » prêtes à passer de la réalité virtuelle au monde de la terreur réelle ! Pourtant, l’imagination des hommes étant au pouvoir, des entreprises chinoises ont lancé des projets de « résurrection » ! Des entreprises sont en train de reproduire des clones de personnes décédées avec des IA et revendent ensuite ces clones numériques aux proches des défunts en leur laissant le choix de les installer dans un environnement virtuel familier.  Ce serait une façon pour les intéressés de faire leur deuil dans de meilleures conditions ou de continuer à vivre avec des êtres aimés dans des métavers familiaux.

Plus sérieusement, la célèbre entreprise de jeux de casinos appartenant au groupe Partouche avait, il y a déjà deux ans, lancé une filiale dédiée à ces technologies : Partouche Multiverse.

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Le tourisme dans le métavers

Le secteur du tourisme semble aussi très tenté par le monde virtuel et rêve de faire voyager ses clients sans qu’ils bougent de chez eux grâce au métavers. Ce serait évidemment moins cher que de lancer de gigantesques bateaux de croisière. Ce serait très respectueux de l’environnement. Et surtout cela permettrait de lutter contre les menaces que le surtourisme fait peser sur des lieux emblématiques ce qui n’est pas loin d’être réel.

Voyager, visiter, danser, faire la fête grâce à son ordinateur ou mieux des lunettes de réalité virtuelle.

« Si vous n’avez rien de prévu le 22 mai prochain, que diriez-vous d’effectuer un aller-retour à Benidorm… sans bouger de chez vous ? » C’est dans ces termes que la fameuse station balnéaire de la côte est de l’Espagne, sur la Costa Blanca, a annoncé le lancement de BenidormLand, un métavers (ou métavers) qui sera accessible aux 140 millions d’utilisateurs de la plateforme de jeux en ligne Steam.

Les idées ne manquent pas. Visiter le Mont Saint Michel, les monuments du Cambodge, faire un trek dans l’Annapurna. Tout ceci est dans le viseur des entreprises de tourisme. Sans compter les destinations imaginaires, un trip sur Mars, un voyage dans l’hyper espace.

Le tourisme, la mise en scène de situations ou la fidélisation de clients, les cas d’usage du Métavers semblent innombrables : Louis Vuitton a lancé dans le métavers une nouvelle collection de NFT et un jeu vidéo « Louis ». Ce dernier a été téléchargé par deux millions d’utilisateurs.

Métavers, mode et luxe

Avec les maisons de mode et de luxe, le métavers prend une nouvelle dimension : votre avatar peut désormais porter une tenue signée Vuitton (ce qu’on nomme un « skin ») ou s’acheter un sac Gucci. Ralph Lauren a indiqué pour sa part avoir déjà « vendu plus de 200.000 produits numériques ».

Une question doit être soulevée : celle de l’interopérabilité des Avatars et de leurs équipements. Les utilisateurs peuvent être désemparés en raison de la multiplicité des métavers et des modes de fonctionnement très différents les uns des autres.

Sans cette interopérabilité, un avatar, équipé de NFT’s sous la forme de chemises Dolce et Gabbana, d’un pantalon Hermès, de sous-vêtement le slip français, pourrait se retrouver tout nu à l’occasion d’un changement de métavers, les éléments d’habillement relevant de l’un n’étant pas compatibles informatiquement dans l’autre et ne pouvant donc « suivre » l’avatar dans ses pérégrinations.

Non ! définitivement le métavers n’est pas mort. En revanche, si le métavers universel de Mark Zuckerberg n’est pas pour demain, il faut se rappeler que l’internet à ses débuts ne portait pas moins d’espoirs enthousiastes et universalistes.

 

Par Pascal Ordonneau

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Pascal Ordonneau
Pascal Ordonneau, banquier, a été DG et PDG de banques françaises, anglaises et américaines. Il est SG de l’Association « Iconomy ». Auteur d’une dizaine d’ouvrages parmi lesquels cinq livres d’économie et de finance, il est chroniqueur aux Échos, au Huffington Post et conférencier (monnaies cryptées et Allemagne).

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