Qui a tué les sanctions américaines ? Autopsie d’un crime digital
La Russie a bien malgré elle battu un record, celui du pays le plus sanctionné au monde, juste devant la République Islamique d’Iran qui a longtemps détenu ce triste titre. Il ne se passe plus une semaine sans une nouvelle annonce de sanctions venues de Washington et pourtant, les résultats sont de plus en plus faibles jusqu’à en devenir contreproductifs. Qui donc a tué les sanctions ? Leur automatisation a affaibli le système et le développement des cryptomonnaies pourrait l’achever.
Des sanctions étendues via l’extraterritorialité des lois américaines
Intrinsèquement liées à la guerre, les sanctions économiques ont d’abord été utilisées pour prévenir le déclenchement de conflits avant d’évoluer vers des buts de politique étrangère. L’essentiel de ces mesures restrictives, de plus en plus sophistiquées, provient d’un seul pays émetteur, les Etats-Unis, lesquels bénéficient de l’extraterritorialité de ces lois. Il s’agit de la capacité du pays d’imposer sa réglementation dès qu’il y a un rattachement aux Etats-Unis, par exemple le Dollar. Dans un système financier globalisé dominé par le billet vert, cette limite s’impose partout et à presque tous.
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Les limites contre-productives de sanctions trop larges
Les sanctions sont désormais quasiment automatisées, perdant ainsi la flexibilité et la précision qui était nécessaire pour obtenir des résultats. Des sanctions trop larges, sur la quasi-totalité des entreprises ou sur l’ensemble du réseau bancaire d’un pays, affectent uniquement la population qui fait ainsi corps derrière le drapeau tandis qu’une minorité s’enrichit. On peut désormais tracer une ligne horizontale de la Chine à la Turquie en ne traversant quasiment que des pays significativement sanctionnés ou sous menace de l’être, formant pour la première fois un bloc économique viable.
Les cryptomonnaies de banques centrales comme échappatoire aux sanctions ?
Ainsi les sanctions perdent en impact et renforcent ce bloc, lequel est en passe de constituer une alternative attractive aux entreprises européennes à qui Washington impose depuis des années de choisir le marché américain. L’élément disruptif manquant, face à l’hégémonie du roi Dollar, est un circuit financier stable et efficace qui puisse échapper aux contrôle des Etats-Unis tout en étant rattaché au circuit financier classique. Les cryptomonnaies indépendantes, de plus en plus régulées, montrent leurs limites, mais celles de banques centrales, dont la chinoise, pourraient être décisives.
Par Astrid Viaud & Paul-Arthur Luzu
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